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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
Information dentaire

Coups de dent, de griffe…et de cœur

Chien ou chat, son arrivée change tout dans la maison. Pour l’organisation d’abord : fini les bibelots précieux sur les tables basses ou les vases Ming qui peuvent faire tzing, sous clé les coûteux escarpins qui risquent de devenir d’infâmes rognures ; adieu beau canapé de velours, usage exclusif de la couette, accès personnel à la table de travail. Ces sales bêtes nous embêtent, nous réveillent à pas d’heure, nous transforment en portier, nous renversent, nous mordent, nous balafrent… Oui mais, pour l’équilibre émotionnel, tout le monde y gagne : ces braves bêtes nous consolent, nous détendent, nous font rire, jouer, fondre, aimer… Le cadre professionnel n’en offre pas autant. Au fait, leur rend-on suffisamment justice, sait-on les écouter, lire leur comportement, comprendre ce qu’ils ont flairé et peuvent nous apprendre ? Évidemment, se mettre à leur école c’est être un peu moins le maître. Mais a-t-on le choix : quand on est curieux comme un chat, on file voir cette exposition, nom d’un chien !

Chiens & Chats l’expo – Vous en ressortirez moins bêtes
Museum de Toulouse, jusqu’au 4 juin


Nimbes des limbes

Elles apprécient la chaleur, sont parfois étonnamment bien conservées et ont des rides d’expressions très émouvantes. Non, il ne s’agit pas des mamies de Miami, mais des momies. Elles sont venues, elles sont toutes là, et pas seulement d’Égypte ou du Pérou façon Rascar Capac dans Tintin, car on en trouve partout dans le monde. Contrairement à une autre idée reçue, on peut très bien faire sa momie soi-même. La nature y parvient d’ailleurs toute seule, à four chaud dans ses déserts, par liaison froide dans ses glaciers ou encore par salaison dans ses marais. Les hommes s’en sont inspirés, embaumant, parant et enrubannant à qui mieux mieux leurs plus beaux ou plus vénérables spécimens afin de leur assurer une tenue correcte face au dress code exigeant de l’au-delà. Cavernes, tombes hermétiques et catacombes ventilées se sont révélées quant à elles d’excellentes conservatrices du patrimoine. Au fil du temps, les techniques et les rituels ont atteint une sophistication et une beauté bien disparues des contrats-obsèques actuels. Le résultat confine souvent à l’œuvre d’art, comme le prouve cette étonnante exposition, aussi respectueuse que savante. Mention spéciale aux Sokushinbutsu, ces moines bouddhistes japonais qui s’auto-momifiaient de leur vivant par le jeûne et l’ascétisme. Attention tout de même en cette période de carême : ça donne une petite mine…

Les momies ne mentent jamais
Cap Sciences, Bordeaux, jusqu’au 5 mars
Réalisée par Cap Sciences sur la base de l’exposition
« Momias, testigos del pasado » du Parque de las Ciencias, Granada

Momie andine Chiu Chiu, VIe siècle après J.-C. © Cap Sciences

Momies Paracas, ballots funéraires (reproduction) © Cap Sciences

Le jeu bien caché de la discrète

À part la cour d’honneur, sujet de fierté, et celle en copropriété, objet de chicane, la cour n’occupe jamais le devant de la scène. Hybride espace d’ombre et de clarté, privé et public, clos sur lui-même et poreux, elle se dérobe aux regards, reléguée à l’arrière-plan du logis et des préoccupations. Mi-débarras, mi-refuge, la cour est tout autant dévolue au rebut encombrant qu’à l’exercice intime de la vie domestique. On y pend le linge, y puise la lumière ou l’ombre fraîche, y tient quelque ouvrage et des propos paisibles. Extérieure à la maison, elle n’a pas le statut de pièce ; il n’y règne qu’un ordre pratique et banal, non l’ordonnance ostensible de l’intérieur bien tenu ; le balai hirsute y côtoie sans façon la rose aux volutes maigres. Goûté des pays du Midi, son charme a conquis ceux du Nord et jusqu’aux bobos, qui, avec un assez touchant espoir, sacralisent une fleur de pavé et voient un patio dans une ruelle herbeuse. Animé de la vie muette des objets utiles, c’est une nature morte au creux de l’habitat et le lieu par excellence des scènes de genre silencieusement éloquentes. Mais il faut se méfier du chat qui dort. Les feuilletonistes, les cinéastes et les simples touristes le savent bien : envers du décor, la cour semble toujours garder par-devers elle de secrets souvenirs, avoir « vu » ce que la façade ne dira jamais – parce qu’elle l’ignore ou s’occupe à muer. Par sa double dimension de réduit et d’arène, elle est le théâtre désigné des passions romanesques, doux murmures à la fontaine ou brusque irruption du rebondissement, découverte du pot aux roses, fracas soudain du drame. Car tout se joue toujours, c’est fatal, dans l’arrière-cour. Les peintres, profonds observateurs de la surface des choses, n’ont jamais négligé la persistance rétinienne de cet œil ouvert dans l’ombre de la maisonnée. Nul ne prêtait garde à leur témoignage jusqu’à ce que cette pertinente exposition n’en révèle au grand jour la constance, à travers un voyage très contrasté qui suit, du XVIe au XXe siècle, le goût de chaque époque. Fonds de tavernes nordiques, pittoresque vie vénitienne, ambiances troubadour, néogrecque ou orientaliste, scènes misérabilistes appelant le scalpel de l’urbaniste, délicieux instantanés impressionnistes ou collages surréalistes, rien ne manque à cette superbe cour faite à la cour.

Fenêtres sur cours, exposition inédite
Musée des Augustins de Toulouse,
jusqu’au 17 avril

Santiago Rusiñol, El pati blau (Le Patio bleu), 1891. ©
Montserrat, Museu de Montserrat (Donaciò J. Sala Ardiz)

Tirés des sables de l’oubli

C’est un drame hors cadre, presque hors sol et assurément hors humanité. Sur un minuscule récif de sable à fleur d’Océan Indien, un navire s’est fracassé en août 1761. À son bord, cent cinquante hommes d’équipage et autant d’esclaves. Les premiers repartiront sur une embarcation de fortune, pas les autres. Beaucoup d’entre eux ont déjà péri dans le naufrage, enfermés dans les cales ; quant aux quatre-vingts survivants, on viendra comme promis les chercher… mais quinze ans plus tard, après quelques tentatives il est vrai. Seules sept femmes et l’enfant posthume du dernier homme survivent alors dans ce désert sans relief et battu par les vents, entre un mauvais puits et un feu tiré des débris de l’épave. Les autres sont morts, une vingtaine a disparu au large. On a toujours connu cette histoire, cherché dès le début à l’expliquer, à l’excuser à travers un mélange confus de réactions : compassion indignée d’un côté, immobilisme oublieux de l’autre. Trop loin, trop périlleux d’accès, trop perdu dans une zone mal cartographiée et cyclonique. Cet îlot et ces esclaves existaient-ils seulement encore… Monstruosité d’un autre temps, révolu, où on abandonnait sans état d’âme sur un banc de sable des hommes de nul profit ? À voir.
Redécouverte de Tromelin. Par sa portée universelle et sa résonance dans l’actualité migratoire, cette tragédie, comme celle du Radeau de la Méduse, défie encore et toujours l’amnésie volontaire et le cynisme ambiant. Après maints récits, essais, documentaires et romans graphiques*, une exposition exceptionnelle vient l’éclairer d’un jour nouveau. Car depuis dix ans, une équipe d’archéologues a décidé de sortir la tête du sable et mené quatre campagnes de fouilles. Les vestiges retrouvés suscitent l’admiration : ces oubliés livrés à leur sort ont su le prendre en main. Surmontant le désespoir, ils ont tiré un parti inouï de la plus inhospitalière nature, construisant une douzaine de bâtiments autour d’une cour centrale, réparant et fabriquant des outils, maintenant, organisant et perpétuant la vie. À travers ces traces, on exhume aussi celles du sinistre trafic entre le comptoir de Foulepointe à Madagascar et l’ensemble des Mascareignes françaises : l’Ile Bourbon (La Réunion), Rodrigues et l’Ile de France (Maurice). Tromelin devient ainsi le coin de voile par où attraper une histoire très complexe où pirates, négriers, Compagnie des Indes Orientales et planteurs avaient partie liée. Mais qui le lèvera, et quand ? Ces jours-ci, l’îlot de 1 km² (et plus de 280 000 km² d’espace maritime…) est plutôt – entre la France qui le possède et Maurice qui le revendique – une pomme de discorde qu’on s’emploie à ne pas transformer en grenade**.

* Outre les ouvrages de Max Guérout et Thomas Romon, on peut citer : Irène Frain, Les naufragés de l’île Tromelin, Paris, Michel Lafon, février 2009 ; Sylvain Savoia, Les esclaves oubliés de Tromelin, édition Dupuis, coll. Aire Libre (bande dessinée), 2015 ; Emmanuel Roblin et Thierry Ragobert, Les esclaves oubliés de Tromelin, documentaire de 52 minutes produit par MC4 et l’INRAP.

** Le sujet devait être débattu à l’Assemblée le 18 janvier dernier, avant d’être retiré de l’ordre du jour.

Tromelin, l’île des esclaves oubliés
Exposition au Musée d’Aquitaine de Bordeaux jusqu’au 30 avril
Conçue par le Musée d’Histoire de Nantes et l’INRAP à partir
des recherches menées par Max Guérout et Thomas Romon

S. Savoia, photo JF Rebeyrotte

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